Docteur Laura Vinsonneau gynécologie-obstétrique, au Pôle santé Bergère. ©Laura Vinsonneau
Ouvert depuis deux ans, le Pôle santé Bergère qui héberge l’offre de soins et de prévention proposée par Audiens Care, est doté d’un cabinet de gynécologie-obstétrique – appelé Pointgyn – couvrant plusieurs spécialités. Afin de mettre en lumière son équipe pilotée par le Docteur Jérôme Bouaziz, une série d’entretiens permettra d’aborder la ménopause, l’infertilité et la prévention du cancer du sein. Rencontre avec le Docteur Laura Vinsonneau, formée en échographie gynécologique axée sur la fertilité.
Pouvez-vous nous rappeler qu’est-ce qu’on appelle infertilité aujourd’hui ?
L’infertilité se caractérise par l’absence de grossesse spontanée après 12 mois de rapports sexuels réguliers, et sans prise de contraception. Ce temps de 1 an est à moduler en fonction de l’âge de la patiente, et s’il existe des facteurs d’infertilité connus ou des antécédents gynécologiques qui pourraient évoquer une infertilité. Il faut faire attention à ne pas confondre avec la stérilité qui est définitive et irréversible.
Comment se déroule la première consultation de fertilité en couple ?
L’objectif de la première consultation qui dure 30 minutes est de faire un interrogatoire complet des deux membres du couple sur l’ensemble des antécédents, et plus précisément sur les antécédents reproductifs, ainsi que les facteurs d’infertilité modifiables comme le tabac ou le surpoids. À l’issue de cette consultation, le couple repart avec les différents examens à faire dans le but de diagnostiquer une éventuelle pathologie. Si besoin, le couple doit aussi travailler sur un éventuel arrêt du tabac ou la mise en place de règles dans le but d’une perte pondérale. Dans le cadre de ce parcours de fertilité, nous proposons systématiquement une consultation avec une diététicienne et un psychologue. C’est un vrai travail d’équipe !
En quoi consistent ces examens ?
Tout d’abord, il faut savoir qu’il est nécessaire d’explorer les deux membres du couple et ce, dans le même temps. On rappelle que, parmi les causes d’infertilité, 30 % sont d’origine féminines, 30 % masculines et 30 % mixtes. Pour la femme, on évalue la fonction ovarienne qui comprend une prise de sang et une échographie pelvienne. Il faut également explorer la cavité utérine et la perméabilité des trompes de Fallopes. Pour cela, il existe un examen nouvellement pratiqué en France, le « Fertiliscan » qui dure 45 minutes environ : il permet un examen complet de ces différents paramètres dans un même temps (réserve ovarienne, cavité utérine et perméabilité tubaire) et qui est tout à fait acceptable en termes de tolérance et avec peu de douleurs. Monsieur doit également effectuer un spermogramme.
Concernant l’infertilité en France, avez-vous des données chiffrées ?
Un couple sur six consulte pour une infertilité. Au bout de deux ans, ces couples ne seront plus que 10 % à avoir ce problème d’infertilité. En 2018, le pourcentage d’enfants qui est né par AMP (Assistance médicale à la procréation) était de 3,3 % et il augmente tous les ans.
Quelles sont les solutions proposées ?
En fonction des résultats du bilan de fertilité, du délai d’infertilité et l’âge de la patiente, on met en place une stratégie thérapeutique pour donner les meilleures chances de grossesse, le plus rapidement possible. Par exemple, lorsque tout va bien chez un jeune couple qui a une infertilité récente, il n’est pas rare de préconiser une attitude expectative. Dans d’autres cas, on propose une AMP (Assistance médicale à la procréation) qui comprend soit l’insémination intra-utérine, soit la Fécondation in vitro (FIV).
En parallèle, nous proposons une prise en charge globale pour améliorer la qualité de vie du couple. L’activité physique, le yoga ou la méditation sont tout à fait conseillés. Le couple est pris en charge dans sa globalité, sans se focaliser uniquement sur la pathologie et le traitement médical.
Ces traitements se déroulent-ils au Pôle santé Bergère ?
Concernant l’insémination intra-utérine, les différentes étapes se déroulent au Pôle santé Bergère : le monitorage (échographie et prise de sang) pendant la stimulation ovarienne puis l’insémination Intra utérine elle-même. Le processus est un peu différent pour la Fécondation In Vitro qui se déroule à la Clinique Cherest à Neuilly, où ont lieu la ponction ovocytaire et le transfert embryonnaire. En revanche, toutes les étapes précédentes à savoir les consultations ainsi que le monitorage de l’ovulation, se déroulent à Pointgyn comme pour l’insémination.
L’infertilité est-elle encore un sujet tabou ?
Aujourd’hui, de plus en plus de femmes s’interrogent sur leur fertilité, même si elles n’ont pas encore de désir de grossesse. Elles sont de plus en plus informées et en partie, grâce aux réseaux sociaux qui évoquent sans tabou les problèmes de féminité : les règles, l’endométriose ou la ménopause. Les médias parlent également de plus en plus de ces problèmes, notamment avec la nouvelle loi de bioéthique qui évoque l’autoconservation ovocytaire et l’ouverture de la PMA aux femmes seules ou homosexuelles.
À ce propos, il existe des bilans de fertilité, pouvez -vous nous en dire plus ?
L’objectif d’une consultation est de recevoir n’importe quelle femme qui s’interroge sur sa capacité à concevoir, qu’elle soit infertile ou non. Ces femmes sont de plus en plus nombreuses à s’interroger avant même d’avoir un désir de grossesse. Le bilan d’infertilité est à interpréter avec précautions : il faut souligner la différence entre le facteur d’infertilité qu’on peut trouver dans un bilan de fertilité mais qui n’est pas forcément pourvoyeur d’infertilité. Par exemple, de nombreuses femmes souffrant d’endométriose vont concevoir naturellement, alors que l’endométriose est un facteur d’infertilité. En fait, la meilleure façon de savoir, c’est d’essayer !
Un témoignage récent emblématique ?
J’ai le souvenir d’une patiente qui était en obésité sévère et elle a réussi à perdre du poids. Cette femme était ravie de retrouver un bien-être général et elle est finalement tombée enceinte d’une petite fille ! À la différence de la gynécologie classique, nous avons une approche globale qui prend en charge le couple dans son ensemble, et c’est passionnant !
Le mot de la fin ?
Avec l’accès à des outils de plus en plus performants ainsi que les moyens de communication via les réseaux, je pense qu’il faut sensibiliser les nouvelles générations sur des informations simples et basiques de la physiologie ovarienne et de la fertilité dans son ensemble, de la même façon que l’éducation sexuelle au collège, par exemple. Aujourd’hui, en effet, de nombreuses patientes, tout âge confondu, qui consultent sont peu informées de l’histoire naturelle de la fertilité. Il devient d’autant plus important d’éduquer les jeunes femmes en amont, au moment même où la préservation dite « sociétale » de la fertilité est sur le point d’être légalisée* dans le cadre de la loi bioéthique : désormais, la cryoconservation ne sera plus limitée aux seules femmes avec indications médicales.
*Les députés français ont voté mardi 5 juin 2021 l’ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes, dans le cadre de l’examen du projet de loi bioéthique à l’Assemblée nationale. Le texte devra passer une dernière fois devant le Sénat à majorité de droite, avant son adoption définitive au Palais Bourbon prévue le 29 juin.
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