Ce traitement hormonal utilisé pour augmenter les chances d’avoir un enfant est utilisé seul, ou dans le cadre d’une insémination artificielle ou d’une fécondation in vitro (FIV). En pratique, comment se déroule ce traitement et quels sont les risques ? On fait le point à l’occasion de la journée de l’infertilité le 6 novembre.
Un couple sur cinq est touché par l’infertilité. La stimulation ovarienne fait partie des solutions qui peuvent être proposées aux couples ayant des difficultés à avoir un bébé. « L’infertilité, c’est l’absence de conception après 12 mois de rapports sexuels réguliers non protégés« , rappelle le Dr Marc Even, gynécologue obstétricien à l’hôpital Foch et cofondateur des centres Pointgyn. Elle peut être d’origine féminine (troubles de l’ovulation, anomalie au niveau des trompes, endométriose, insuffisance ovarienne…), masculine (spermatozoïdes de mauvaise qualité, insuffisance de production ou défaut de mobilité des spermatozoïdes), ou encore mixte. Dans 10% des cas, il n’existe pas de cause identifiée : on parle d’ »infertilité idiopathique« .
Première étape : après un interrogatoire, le médecin prescrit des examens complémentaires pour connaître l’origine de l’infertilité. Ce bilan de fertilité se fait au bout de 12 mois ou avant dans certains cas : si la femme a plus de 35 ans, en cas de troubles du cycle ou en cas de facteurs de risque d’infertilité (endométriose, antécédent de grossesse extra-utérine…) « Ces examens sont indispensables, car il est illusoire de débuter une stimulation ovarienne si par exemple une trompe est bouchée« , met en garde le gynécologue. Le médecin vérifie la perméabilité des trompes grâce à une hystérosalpingographie (radio des trompes), la réserve ovarienne à l’aide d’une prise de sang et d’une échographie pelvienne. Chez l’homme, un spermogramme est réalisé afin d’évaluer les paramètres spermatiques.
La stimulation ovarienne simple
Qui est concerné ?
La stimulation ovarienne est la technique la plus simple. Elle se pratique au cabinet du gynécologue. Chez qui ? La stimulation ovarienne est proposée aux femmes présentant une infertilité idiopathique. En revanche, la stimulation ovarienne simple n’est pas adaptée pour les femmes qui ont des trompes bouchées, celles qui ont plus de 35 ans ou en cas d’insuffisance ovarienne précoce. « La stimulation serait alors une perte de temps« , alerte le Dr Marc Even. Elle concerne également les femmes qui ont des troubles de l’ovulation : en raison d’un surpoids, d’une obésité ou encore les femmes qui souffrent d’un syndrome des ovaires polykystiques. Cette pathologie concerne 10% de la population. Ses caractéristiques : les femmes ont un excès de follicules immatures. Ce syndrome peut se traduire par une hyperandrogénie (acné, hyperpilosité, chute de cheveux…).
Le déroulement du traitement
La stimulation ovarienne consiste à stimuler les ovaires afin d’obtenir la maturation d’un ou deux follicules, sorte de petits sacs qui contiennent un liquide folliculaire où se trouve l’ovocyte. Il existe plusieurs types de traitement :
-Le citrate de clomifène (inducteur de l’ovulation). Il est surtout utilisé en cas de troubles de l’ovulation, notamment dans le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Il s’agit d’un comprimé, à prendre pendant 5 jours à partir du 2ème jour des règles.
-Des injections sous-cutanée d’hormones de gonadotrophines (FSH, LH…), pendant 10 à 15 jours (Gonal ®, Menopur ®…).
Pour ces deux traitements, l’ovulation est contrôlée par des monitorages réguliers : 2 à 3 échographies et des dosages hormonaux. L’objectif est de contrôler la taille des follicules vérifier la présence d’un ou deux follicules matures. S’il y en a davantage, le traitement est annulé pour éviter les risques de grossesse multiple. La surveillance permet également de suivre le processus d’ovulation. « Il faut vérifier qu’on ne passe pas à côté d’une ovulation« , explique le Dr Marc Even. « Car autant les spermatozoïdes survivent entre 48h et 72h dans le vagin, autant l’ovule n’a une durée de vie que de 12 à 24h« .
Après la stimulation, une injection sous-cutanée d’hormones pour déclencher l’ovulation (Ovitrelle ®) est réalisée, afin de libérer l’ovocyte mature. Les rapports sexuels sont alors programmés 36 heures après le déclenchement de l’ovulation. « Il n’y a pas d’indication à être abstinent les jours précédents le rapport. Il peut y avoir plusieurs rapports dans la journée. » précise le spécialiste.
Combien de cycles ?
La stimulation ovarienne peut être effectuée pendant 3 à 6 cycles, en fonction de l’âge de la patiente. « A 25 ans, on peut aller jusqu’à 6 cycles. Mais après 32 ans, on pourra n’en faire que 3 pour ne pas perdre de temps. En effet il existe une altération de la réserve ovarienne après 35 ans et les femmes ne sont pas toujours très bien informées« , explique le gynécologue.
L’insémination artificielle
Une insémination artificielle peut être proposée, en cas d’échec de la stimulation ovarienne simple, ou encore en cas d’anomalie modérée au niveau du sperme. Dans ce cas, le traitement de stimulation ovarienne est similaire : des injections sous-cutanées de gonadotrophines pendant 10 à 15 jours, contrôlées par des prises de sang et des échographies.
La différence avec le protocole précédent : 36 heures après le déclenchement de l’ovulation, le conjoint se rend au laboratoire pour un recueil de sperme. Le sperme est préparé et replacé directement dans l’utérus. « La fécondation se fait naturellement, on facilite la rencontre entre spermatozoïdes et ovocyte, » explique le Dr Marc Even. C’est un geste indolore, sans anesthésie qui peut se faire au cabinet du gynécologue.
La fécondation in vitro (FIV)
Elle est utilisée en cas d’échec des traitements précédents. Elle peut aussi être réalisée en première intention en cas d’infertilité d’origine tubaire (trompes bouchées…). Cette cause d’infertilité est souvent due à une infection génitale (chlamydia, infection sexuellement transmissible fréquente souvent « silencieuse ). La FIV est également proposée en cas d’anomalie spermatique sévère, ou en cas de réserve ovarienne altérée.
Déroulement de la FIV
La stimulation ovarienne est réalisée avec des doses d’hormones beaucoup plus élevées que dans les deux protocoles précédents (entre 3 et 8 fois plus). « Dans la stimulation simple ou l’insémination, on cherche à avoir un ou deux follicules matures. Pour la FIV, on cherche à ponctionner un maximum de follicules matures « , explique le gynécologue.
La stimulation se déroule également sur 10 à 15 jours avec des injections de gonadotrophines FSH ou FSH-LH en sous-cutanées. La surveillance est réalisée par des dosages hormonaux et des échographies plus fréquentes (entre 3 et 5 au lieu de 2 à 3 pour la stimulation simple). 3 à 4 follicules matures sont nécessaires pour déclencher une ovulation, grâce à une injection d’hormones (Ovitrelle ® ).
36 heures après le déclenchement de l’ovulation, la ponction d’ovocytes est réalisée sous anesthésie générale (15-20 min). Le jour de la ponction, le conjoint effectue un recueil de sperme. Il existe deux techniques. Dans une FIV classique, les spermatozoïdes sont mis en contact directement avec les ovocytes au laboratoire (dans des milieux de culture). Pour la FIV-ICSI, le spermatozoïde est injecté directement dans l’ovule. Le développement embryonnaire se fait en laboratoire pendant 2 à 5 jours, puis l’embryon est réintroduit dans l’utérus. Le transfert de l’embryon se fait sans anesthésie.
Les effets secondaires de la stimulation ovarienne
« Le traitement est plutôt bien toléré« , explique le Dr Marc Even. « En général, on démarre avec de faibles doses, qui sont réévaluées en fonction des contrôles« . Quelques effets secondaires peuvent apparaître : des douleurs au point d’injection, des maux de tête, des nausées ou des douleurs abdominales liées aux ovaires qui augmentent de volume.
Dans le cas d’une FIV, il peut y avoir un risque d’hyperstimulation ovarienne. Cela résulte d’une réponse folliculaire trop importante lors de la stimulation. « Aujourd’hui, les protocoles sont choisis pour diminuer ces risques « , précise le spécialiste. L’hyperstimulation se traduit par des douleurs abdominales, une gêne respiratoire et une augmentation du volume de l’abdomen.
Autre risque : celui d’une grossesse multiple. C’est pourquoi la stimulation ovarienne est très surveillée par de nombreuses échographies. Au-delà de 2 follicules dans le cadre d’une stimulation ovarienne simple ou d’une insémination artificielle, l’ovulation n’est pas déclenchée. « Pour la FIV, on privilégie le transfert d’un seul embryon lors de la première tentative, pour les patientes de moins de 37 ans. Car les grossesses gémellaires sont des grossesses à risque qui peuvent entraîner des complications (hypertension, diabète gestationnel, retard de croissance, prématurité…)« , prévient le Dr Marc Even.
Les contre-indications
Il existe des contre-indications à la FIV. Les femmes atteintes d’un cancer du sein ne peuvent en bénéficier. Pour les femmes âgées de plus de 38 ans, une échographie mammaire est demandée avant de démarrer le protocole pour vérifier l’absence de lésion. La stimulation ovarienne ne peut pas être réalisée en cas de poussée de maladie auto-immune (polyarthrite rhumatoïde, maladie de Crohn, lupus).