L’utérus est l’un des organes de la reproduction chez la femme. Dans certains cas, il devra lui être retiré. Quelles sont les pathologies menant à l’hystérectomie, c’est-à-dire l’ablation de l’utérus ? Quelles sont les conséquences pour la femme ? Les réponses du Dr Marc Even, chirurgien gynécologue dans les centres spécialisés pour la santé de la femme Poingyn, et à l’hôpital Foch, Suresnes (Hauts-de-Seine).
Chaque année, 10 000 femmes en moyenne sont concernées par la chirurgie de l’ablation de l’utérus. Celle-ci peut être de deux types : totale lorsque le chirurgien retire l’utérus et son col, ou subtotale si le col est laissé en place. Les explications du Dr Marc Even, chirurgien gynécologue.
L’hystérectomie, qu’est-ce que c’est ?
L’hystérectomie, ou ablation de l’utérus, est une chirurgie fréquente en gynécologie. Dans la plupart des cas, elle a lieu dans le cadre de pathologies bénignes non cancéreuses. Mais elle peut aussi être réalisée suite à un cancer gynécologique : cancer du col de l’utérus, cancer du corps de l’utérus, cancer de l’ovaire.
L’hystérectomie totale
L’hystérectomie est la chirurgie de l’ablation de l’utérus. Il existe deux formes d’interventions, les hystérectomies totales et sub-totales. « Dans le cadre d’une hystérectomie, les chirurgies totales, où on enlève le corps et le col de l’utérus, sont privilégiées de nos jours », explique le Dr Marc Even. En effet, le fait de laisser le col de l’utérus en place implique de poursuivre une surveillance de la zone anatomique, en particulier par la réalisation de frottis réguliers. En enlevant la totalité de l’organe, plus besoin de suivi régulier sur le plan cancérologique.
L’hystérectomie totale avec salpingo-ovariectomie (aussi appelée hystérectomie avec annexectomie bilatérale, ou hystérectomie totale non conservatrice)
Dans ce cas précis, le corps de l’utérus et le col, ainsi que les ovaires et les trompes de Fallope sont retirés. Pour le retrait des ovaires, le choix se discute selon l’âge de la patiente et sa proximité avec la ménopause. « Chez la femme jeune, jusqu’à 45 ans, les ovaires sont systématiquement laissés, pour ne pas induire de ménopause précoce, justement. Plus tard, vers 50 ans, l’apparition d’une ménopause induite est moins gênante », indique le Dr Marc Even.
Quand les ovaires sont retirés, les symptômes de la ménopause apparaissent rapidement après la chirurgie : bouffées de chaleur, sécheresse vaginale…
Quand les ovaires sont conservés, ils restent en place, reliés à l’abdomen par le pédicule lombo-ovarien et ses vaisseaux sanguins. Ils continuent à produire des hormones ovariennes.
Dans tous les cas, l’hystérectomie arrête définitivement les règles, que les ovaires soient laissés ou non.
L’hystérectomie subtotale
Le corps de l’utérus est retiré, mais pas le col. La patiente doit poursuivre un suivi du cancer du colde l’utérus par des frottis réguliers chez le gynécologue.
Dans quels cas enlève-t-on l’utérus ?
L’hystérectomie est envisagée chez des femmes qui souffrent de saignements importants en continu, en dehors de leur cycle menstruel. « Cela peut être à cause de fibromes ou d’une adénomyoseutérine, qui est l’infiltration de l’endomètre (la muqueuse utérine) dans le muscle utérin. Lorsque les traitements ne fonctionnent plus, que la qualité de vie est trop impactée, que la patiente a des douleurs, la chirurgie lui est alors proposée », détaille le Dr Marc Even. Les fibromes sont des kystes qui se développent sans symptômes, généralement, au sein de la paroi utérine. Dans certains cas, ils peuvent entraîner des effets importants sur la qualité de vie : règles hémorragiques et longues, anémie, douleurs pelviennes… A savoir : avoir un fibrome n’implique pas forcément une hystérectomie, la prise en charge thérapeutique a lieu au cas par cas.
L’utérus peut aussi être retiré dans le cadre d’une pathologie cancéreuse ou dans des cas de cancers gynécologiques. « Mais l’intervention ne sera jamais proposée à une femme en dessous d’un certain âge, au moins 38 ans, car un désir de grossesse ne sera évidemment plus possible », ajoute Marc Even.
L’opération peut également être préconisée en cas de prolapsus génital (descente d’organes) ou d’endométriose sévère.
Comment se passe une opération de l’utérus chez la femme ?
Avant de réaliser une hystérectomie, le chirurgien a besoin d’une échographie ou d’une IRM pelvienne pour estimer la taille de l’utérus à retirer. En effet, son poids peut varier selon les femmes, entre 30 g et 2 kg. Un frottis doit aussi être réalisé pour s’assurer que la patiente ne présente pas de pathologie cancéreuse. Il existe 3 techniques opératoires pour retirer un utérus, toutes sous anesthésie générale.
Par voie abdominale ou laparotomie
La première est la technique la plus ancienne, qui n’est quasiment plus réalisée aujourd’hui sauf cas particulier, c’est la laparotomie. « Dans le cadre d’une laparotomie, on ouvre l’abdomen pour retirer l’utérus. En plus d’allonger la durée d’hospitalisation de la patiente, elle pourra potentiellement être gênée sur le plan esthétique par la cicatrice que ce type d’opération génère », précise le Dr Even.
L’hystérectomie cœlio-vaginale
La deuxième technique opératoire est de passer par la voie vaginale. « Le corps et le col de l’utérus seront retirés par voie naturelle, cela ne laisse pas de cicatrices mais cela peut être compliqué », explique le chirurgien.
L’hystérectomie cœlioscopique
Les deux autres façons d’opérer se font par cœlioscopie simple, ou cœlioscopie robot-assistée. « Dans les deux cas, de petites ouvertures sont réalisées dans l’abdomen de la patiente, qui est gonflé par un gaz. Puis en cœlioscopie directe, le chirurgien utilise ses mains pour travailler, tandis qu’avec un robot ce sont les bras du robot qui sont un prolongement des mains du chirurgien. L’utérus sera aussi retiré par voie vaginale, avant qu’il ne soit suturé par quelques points ». Généralement, c’est l’une des ces deux techniques qui est privilégiée pour l’ablation de l’utérus, selon le profil de la patiente, ses antécédents et ses facteurs de risques.
Quels sont les traitements après la chirurgie de l’ablation de l’utérus et du col ?
Après l’intervention, qui peut se faire en ambulatoire dans certains cas, la patiente est hospitalisée 48 heures en moyenne, avec l’administration d’antalgiques par voie veineuse les premiers jours, puis par voie orale. Des anti-coagulants sont également prescrits.
Antalgiques et anti-coagulants
Des injections d’anticoagulants sont également réalisées afin de prévenir une phlébite. « Dans certains cas, quand la patiente n’est pas en surpoids, sans antécédents particuliers, l’opération peut même se dérouler en ambulatoire. Au contraire, si la patiente nécessite une laparotomie, elle sera hospitalisée par la suite entre trois et cinq jours », précise le Dr Even. En général, la patiente peut se lever dès le lendemain de l’intervention.
Pas d’inquiétude en cas de saignements post-opératoires
Des saignements vaginaux sont normaux les jours suivant l’opération. Les fils ou agrafes sont retirés au bout d’une semaine en moyenne.
Combien de temps pour se remettre d’une hystérectomie ?
Tout d’abord, le chirurgien prescrit un arrêt de travail allant de 2 à 4 semaines, en fonction du type d’hystérectomie pratiquée. La pratique du sport, le port de charges lourdes, les rapports sexuels, les bains et le port de tampon sont proscrits.
Surtout, il est très important de consulter rapidement face à ces symptômes qui pourraient cacher une complication post-opératoire :
– des saignements vaginaux abondants quelques jours après l’opération,
– douleurs abdominales ou vaginales importantes,
– fièvre,
– rougeurs ou écoulement de la cicatrice,
– douleurs au mollet (risque de phlébite),
– difficultés à respirer.
Quelles sont les douleurs après une hystérectomie ?
Souvent, les patientes n’ont pas beaucoup de douleurs dans la zone opérée. En revanche, « les douleurs se situent souvent aux épaules, en raison du gaz qu’on injecte dans le ventre au moment de la cœlioscopie. Comme elles ont les jambes relevées pendant l’opération, pour dégager les anses intestinales vers le haut afin que l’on puisse bien voir l’utérus, le gaz remonte vers le diaphragme et irrite le nerf phrénique en s’évacuant, ce qui provoque ces douleurs », explique le Dr Marc Even. Une visite post-opératoire devra être réalisée un mois après l’opération, pour vérifier l’état de la cicatrice s’il y en a une, et de la cicatrice vaginale.
Après une hystérectomie, peut-on avoir un cancer du col de l’utérus ?
En cas d’hystérectomie totale (col de l’utérus compris), la patiente n’a plus besoin de frottis, elle ne risque plus de cancer du col de l’utérus. Mais elle devra tout de même continuer son suivi annuel chez le gynécologue pour la surveillance de ses ovaires si ceux-ci ont été conservés. Dans tous les cas, des visites régulières sont recommandées.
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